Travailler moins, mais mieux !

Non, nous ne parlerons pas ici de rythmes scolaires mais bel et bien de la semaine de 4 jours… en entreprise. Car si cette idée peut sembler utopique ou même saugrenue dans un pays où le présentéisme est roi, cette structuration du temps de travail a pourtant déjà été expérimentée dans diverses entreprises, en France comme à l’étranger, le plus souvent avec succès. Voici un petit tour d’horizon de ces expérimentations et de leurs résultats plein de promesses.

Qu’entend-on par semaine de 4 jours ?

La semaine de 4 jours consiste à travailler 4 jours par semaine au lieu des 5 jours communément admis. Concrètement, cette organisation peut se traduire de 2 manières :

  • Une baisse du nombre d’heures de travail hebdomadaire (30 à 34 heures) avec un maintien de la rémunération et des journées de travail maintenues à 8 heures.
  • Un maintien du nombre d’heures hebdomadaires avec augmentation des amplitudes horaires quotidiennes de façon à faire en sorte que toutes les heures à effectuer (soit 39 heures ou 35 heures en France) soient réparties sur 4 jours et non sur 5. Les salariés travaillent ainsi jusqu’à 10 heures par jour, 4 jours par semaine.

Dans tous les cas, la semaine de 4 jours ne consiste pas à travailler moins et à toucher un moindre revenu. Les employés conservent le même salaire mais bénéficient de 3 jours de repos hebdomadaires.

Tour d’horizon de cette pratique « tendance »

France

En France, le nombre d’heures travaillées par semaine est passé de 39 heures, à 35 heures en 2002. Une mesure qui avait pour but de partager le travail et donc créer de l’emploi. Mais aussi d’apporter plus de temps libre aux salariés, pour améliorer leur condition de vie de famille, par exemple, ou de santé. En réalité, et particulièrement chez les cadres, beaucoup de salariés travaillent beaucoup plus que 35 heures par semaine. Selon l’Insee, 9% des cadres travaillent bien 35 heures, alors que 40% des cadres dépassent les 40 heures de travail hebdomadaire. Un rythme de vie qui a conduit à de nombreux burnouts, qui concernent 2,5 millions de salariés. Mais pour certains chefs d’entreprise, le bien-être de leurs salariés passe avant tout. Ils sont donc prêts à leur proposer des semaines de 32 heures, sans pour autant baisser leur salaire.

Royaume-Uni, un programme pilote

Etendre à tous les salariés d’une entreprise la semaine de quatre jours n’est pas vraiment une idée nouvelle. “Un contrat doit porter sur un niveau de productivité. Si vous remplissez le contrat en moins de temps, pourquoi devrais-je réduire votre salaire ?” demande dans The New York Times Andrew Barnes, fondateur de Perpetual Guardian, une entreprise néo-zélandaise passée à la semaine de quatre jours en 2018.

C’est également en Nouvelle-Zélande que la multinationale britannique Unilever a décidé de tester, depuis près d’un an, les quatre jours payés cinq. “Les anciennes organisations du travail ne sont plus adaptées à notre époque et ne remplissent plus leurs objectifs”, reconnaît Nick Bangs, le directeur d’Unilever New Zealand.

Associée à Charlotte Lockhart, une autre entrepreneuse néo-zélandaise, Andrew Barnes vient tout juste de lancer, cette fois au Royaume-Uni, un programme pilote visant à tester l’hypothèse selon laquelle la réduction du temps de travail augmente à la fois la productivité et le bien-être des salariés, rapporte The Times.

Le projet 4 Day Week UK, mené en collaboration avec le groupe de réflexion Autonomy et des chercheurs des universités d’Oxford et Cambridge ainsi que du Boston College, associera une vingtaine d’entreprises, dont Canon Medical Research Europe (basée à Édimbourg) à partir de juin prochain. Chaque entreprise travaillera avec les chercheurs pour mesurer l’impact de la semaine de quatre jours. La productivité et le bien-être ne sont pas les seuls critères puisqu’il s’agira également de mesurer les effets de la réduction du temps de travail sur l’environnement et sur l’égalité des sexes.

“Alors que nous sortons de la pandémie et que nous tentons de tout reconstruire en mieux, de nombreuses personnes souhaitent trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cent ans après la création du week-end, nous pensons que la semaine de quatre jours est attendue depuis longtemps et nous pensons que cette expérience montrera qu’il s’agit d’un dispositif gagnant-gagnant pour les entreprises et pour les employés”, explique Joe Ryle, le directeur du programme.

Les bénéfices pour votre entreprise et vos employés

Si la semaine de 4 jours a déjà séduit de nombreuses entreprises, c’est parce qu’elles y voient une stratégie gagnant-gagnant. Pour les salariés, les avantages sont multiples : augmentation du bien-être, avec plus de temps libre, plus de souplesse pour garder les enfants, baisse des troubles musculo-squelettiques, ou encore baisse des accidents lors des trajets domicile-travail. Cette journée off permet de prendre des rendez-vous, avec des médecins par exemple, qui sont difficiles à prendre en temps normal. Pour l’entreprise, la semaine de 4 jours présente aussi des avantages. Certaines ayant essayé ont constaté une meilleure productivité des salariés. Par exemple, Microsoft Japon a enregistré une hausse de la productivité de 40%, qui s’explique par un meilleur équilibre de la vie pro/perso des employés. Et pour les entreprises soucieuses de leur empreinte carbone, la semaine de 4 jours permet notamment de réduire l’impact écologique en diminuant les déplacements des salariés. Enfin, cette mesure peut être un véritable argument à l’embauche, puisque 21% des salariés souhaiteraient réduire leur semaine contre des journées de travail plus longues, d’après l’étude Workforce View 2020, de RH ADP.

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